EXPO/CATALOGUE > Jean-Baptiste Caron, « Degrés d’incertitudes »

EXPO/CATALOGUE > Jean-Baptiste Caron, « Degrés d’incertitudes »

Le travail de Jean-Baptiste Caron semble vouloir confronter les lois de la physique classique à une poétique de l’incertitude. À l’aide d’un vocabulaire formel évoquant le glissement imperceptible d’un état vers un autre : transformation, évolution, involution, entre-deux ou inframince, l’artiste remet au goût du jour la valeur du doute et de l’incertain.

Avec Mécanique du vivant (2012), la trajectoire d’une sphère en béton, au lieu de parcourir une ligne droite, décrit une spirale d’un type particulier : celle qui prend comme proportion le nombre d’or. La spirale d’or, forme qui lie le monde invisible au monde visible, et qui sous-tend le cosmos en raison de sa présence constante dans la nature, n’est perceptible ici que dans le mouvement de la sphère. La divine proportion, comme l’a surnommée Lucas Pacioli au 16e siècle, « un trésor d’un précieux et si rare secret», se retrouve de manière plus cocasse dans Le Petit Attracteur (2012). Les relations du corps humain avec la divine proportion s’expriment dans cette oeuvre par un effet mécanique singulier constaté sur le propre corps de l’artiste. Chaque jour son nombril accumule des fibres de couleurs variées et produit des petites pelotes nommées très sérieusement par certains spécialistes peluca umbilicus. Elles donnent au centre de gravité de l’être humain une fonction d’un genre bien étrange. Le titre fait référence au grand attracteur, un amas de galaxies et de matières constitué par l’attraction des masses de l’univers, et commente les effets parfois inédits de la force gravitationnelle sur notre corps. Ce que l’on considère habituellement comme les effets du désordre d’un système, ou d’une dynamique ne produisant rien de valable, est intérrogé et réorganisé. Les produits de l’entropie font l’objet d’un réinvestissement. Ainsi la poussière ne retourne pas à la poussière.
Avec A l’aplomb des hauteurs (2012), la traduction matérielle de cette force gravitationnelle est réalisée à l’aide d’un fil à plomb, cependant la masse est devenue poussière. Transformer le plomb en or a longtemps été la quête de l’apprenti alchimiste, Jean-Baptiste Caron préfère la poussière à l’or. Plus incertaine, plus volatile, plus à même de traduire l’axis mundis de notre temps présent, l’axe verticale qui régit l’ordre de l’univers. On peut parier que le mouvement pendulaire permettant de trouver son point d’équilibre est virtuellement sans fin. L’instrument de mesure, de rectitude qu’est le fil à plomb, devient symbole d’une verticalité difficile à maintenir. A l’inverse, la bouteille en plastique transmutée en verre, Et soudain le réel vacille,(2013) tient son aplomb d’un équilibre en apparence instable.

Exposition à la Galerie 22,48m2, Janvier 2013. Commissariat de l’exposition et texte dans le catalogue.

Le petit attracteur, 2012, béton, plastiques, miroir, poussière, 50 x 50 x 16 cm
Le petit attracteur, 2012, béton, plastiques, miroir, poussière, 50 x 50 x 16 cm
Catalogue de l'exposition Catalogue éd. limitée 500 ex. Jean-Baptiste Caron Degrés d'incertitude jan.-fév. 2013, 24 pages, 8 x 11 cm
Catalogue de l’exposition
éd. limitée 500 ex.
jan.-fév. 2013, 24 pages, 8 x 11 cm
Jean-Baptiste Caron, À l'aplomb des hauteurs, 2012, fil, poussièrs, 9 x 4 cm
Jean-Baptiste Caron, À l’aplomb des hauteurs, 2012, fil, poussières, 9 x 4 cm
Jean-Baptiste Caron,  Mécanique du vivant,  2012,  béton, polystyrène, pvc, Ø40cm
Jean-Baptiste Caron, Mécanique du vivant, 2012,
béton, polystyrène, pvc, Ø40cm
Vue de l'exposition. Jean-Baptiste Caron, Et soudain le réel vacille, 2013, verre, eau, Ø7x27cm
Vue de l’exposition. Jean-Baptiste Caron, Et soudain le réel vacille, 2013, verre, eau, Ø7x27cm
Back to Top