Première monographie consacrée à l’artiste Charlotte Charbonnel, dont l’analyse et l’écoute des matériaux et des phénomènes terrestres sont au cœur des recherches, aux frontières de la science et de l’art, de la sculpture et du son.
Edité par Nathalie Desmet et Charlotte Charbonnel.
Textes de Léa Bismuth, Sally Bonn, Juliette Cortes, Thierry Davila, Marianne Derrien, Nathalie Desmet, Alexandra Fau, Alice Morgaine, Camille Paulhan, Leïla Simon, Catherine Strasser, Guilia Turati.Conception graphique : Hadrien Lopez.
Publié par la galerie Backslash, Paris. (http://www.backslashgallery.com), édition bilingue (français / anglais), 19,5 x 29 cm (broché, couture apparente), 224 pages (ill. coul.)
L’ouvrage réunit dix années de recherches de l’artiste et les textes de douze auteurs : Léa Bismuth, Sally Bonn, Juliette Cortes, Thierry Davila, Marianne Derrien, Nathalie Desmet, Alexandra Fau, Alice Morgaine, Camille Paulhan, Leïla Simon, Catherine Strasser et Guilia Turati. L’ouvrage, imprimé en cinq couleurs (avec une couverture en sérigraphie, des illustrations et des aplats en bronze renvoyant à une tonalité dominante dans l’œuvre de l’artiste, que l’on retrouve jusque dans le fil de couture du livre) se présente sous la forme de onze cahiers internes. Chacun propose une vision large d’une œuvre ou d’une série emblématique de l’artiste, avec notamment des reproductions d’images et de feuilles d’études.
http://www.lespressesdureel.com/ouvrage.php?id=6704&menu=
Charlotte Charbonnel, née en 1980, vit et travaille à Paris. Après un séjour de 3 mois à la Sanskriti Kendra Foundation à Dehli en 2003, elle obtient le Diplôme National Supérieur d’Expression plastique (Ecole Supérieure des Beaux Arts de Tours) en 2004 et est diplômée de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs, secteur Art / Espace, avec les félicitations du jury en 2008. Elle est représentée par Backslash Gallery à Paris.
Depuis plusieurs années, Charlotte Charbonnel semble vouloir tisser les liens invisibles qui unissent les matières élémentaires de l’univers. Son travail découle d’une recherche empirique à entrées multiples : écoute et capture de matériaux ou de phénomènes naturels, exploration des différents états de la matière, observation méticuleuse de substances insaisissables… Elle trouve ainsi dans les fluides indécis, les ondes capricieuses, les nuées, fumées, ou autres formes brumeuses, un terrain d’expérimentations illimité. Elle en suit les traces, les archive ou les collectionne. L’auscultation méticuleuse de la nature a conduit l’artiste à s’intéresser de près aux fluides ou aux vibrations mécaniques des matériaux : chants des cailloux dans une rivière, sifflement du vent islandais… Le son s’est révélé être un moyen évident de captation et de transmission. Lorsqu’elle confronte son et architecture, la recherche de la nature cachée des éléments prend parfois la forme d’une enquête géologique : sonder le bâtiment pour révéler les couches invisibles de ses sédiments, ses flux et énergies impalpables. Les différents processus qu’elle met en place laissent faire le mouvement et l’indétermination. Les formes que ceux-ci produisent, liées à la recherche des constituants élémentaires de l’univers, constituent un levier pour une pensée magique, une forme de pensée universelle et permanente relevant, comme Claude Lévi-Strauss l’a souligné, d’une certaine disposition de l’esprit humain face aux choses. Les analogies que Charlotte Charbonnel cherche à faire entre les éléments ouvrent ainsi la voie à un plan profond de la pensée où les métamorphoses de la matière qu’elle donne à voir finissent par avoir un pouvoir transformateur universel, réveillant au passage notre capacité à nous émerveiller. Gaston Bachelard disait que l’imagination plutôt que d’être la faculté de former des images était la faculté de déformer les images fournies par la perception, ceci en nous permettant de nous libérer des images premières. En suivant des protocoles précis qui donnent à percevoir différemment un phénomène complexe, l’artiste crée un terreau fertile à l’imaginaire. Elle revisite avec enchantement les formes qui ont toujours exercé une fascination sur les Hommes : celles qui se situent dans l’interaction des quatre éléments ou la nature élémentaire de l’univers, rendant la vision d’un ciel étoilé ou le spectacle de la formation des nuages magnétisants.
Charlotte Charbonnel, born in 1980, lives and works in Paris. After spending three months at the Sanskriti Kendra Foundation in Delhi in 2003, she earned the Diplôme National Supérieur d’Expression plastique (Ecole Supérieur des Beaux Arts de Tours) in 2004 and then graduated from the Ecole National Supérieur des Arts Décoratifs, sector Art/Space, summa cum laude in 2008. She is represented by Backslash Gallery in Paris.
For several years, Charlotte Charbonnel seems to want to weave the invisible links uniting the elemental materials of the universe. Her work stems from an empirical research of multiple entries: listening to and capturing material or natural phenomena, exploration of different states of matter, and meticulous observation of elusive substances. And so in indecisive fluids, capricious waves, clouds, smoke, or other misty forms, she finds a terrain of unlimited experimentation. She follows the tracks, archives them, or collects them. The meticulous auscultations of nature have driven the artist take an active interest in fluids or mechanical vibrations of materials: the songs of pebbles in a river, the whistling of the island wind… The sound reveals itself to be an evident means of harnessing and transmission. When she confronts sound and architecture, the research of the hidden nature of elements often takes the form of a geological inquiry: sounding the building to reveal the invisible layers of its sediments, its flux, and impalpable energy. The different processes that she puts in place allow for movement and indeterminacy. The forms produced by these are linked to the research of the elemental constituents of the universe, constituting a lever for a magical thought. It stems from a form of universal and permanent thought, like Claude Lévi-Strauss pointed out, from a certain disposition of the human spirit confronted. The analogies that Charlotte Charbonnel seeks to make between the elements pave the way to a deep system of thought where the metamorphoses of the material that she reveals finish by having a universal transformative power, awakening our capacity to fill ourselves with wonder. Gaston Bachelard said that imagination, rather than being the ability to form images, is in fact the ability to deform images provided by perception, allowing us to liberate ourselves from the original images. In following the precise protocols which allow us to differently perceive a complex phenomenon, the artist creates a fertile ground for the imagination. With enchantment she revisits the forms that continue to fascinate mankind: the forms which are situated amidst the interaction of the four elements or the elemental nature of the universe, rendering the vision of the starry sky or the spectacle of the formation of magnetizing clouds.
Nathalie Desmet
Translated by Laura Adams
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