ARTICLE > L’Art de faire le vide. L’exposition comme dispositif de disparition de l’oeuvre Nouvelle revue d’esthétique #8

ARTICLE > L’Art de faire le vide. L’exposition comme dispositif de disparition de l’oeuvre Nouvelle revue d’esthétique #8

Les artistes des années 1960-1970 ont revendiqué une dé-essentialisation de l’art en minimisant les éléments perceptuels ou physiques de l’œuvre. À côté de la production de contrats, d’attestations ou de déclarations écrites, pensée comme une solution pour rendre le travail artistique visible et exposable s’est développé un dispositif particulier, chargé de rendre perceptible une production invisible : l’exposition « vide » ou « du vide ». Ce type d’exposition, inauguré en 1957 par Yves Klein, a été repris par certains artistes conceptuels, parfois dans une logique de critique institutionnelle. Depuis le début des années 2000, il fait l’objet d’un regain d’intérêt et tend même à être muséalisé. Certains commissaires ou représentants institutionnels n’hésitent pas à réaliser, à leur tour, des expositions « vides » et à les présenter comme une occasion de penser le vide. Il est pourtant impossible qu’ils n’aient pas assimilé les leçons de la déconstruction du cadre et du contexte menées par les artistes quarante ans auparavant. Ce nouvel intérêt pose la question de la disparition de l’œuvre comme corollaire de l’invention d’un véritable dispositif socio-symbolique. Après quelques jalons historiques retraçant l’invention de l’« exposition vide », nous verrons que l’auto-réflexivité de ce genre d’exposition, qui se fait à travers les outils de médiation ou de présentation, les textes et le cadre architectural – les seuls éléments visibles – conduit à mettre en avant des faiseurs d’expositions qui disputent aux artistes le terrain de la notoriété et de la réputation. Cela se fait tout en laissant ressortir les signes identitaires de l’institution, typiques de cet actif immatériel que l’on nomme l’image de marque.

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